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Du 9 avril : Nous attendons le résultat pour vous donner nos instructions.

Au moins Bismarck et l’empereur Guillaume, qui prétendaient commander, étaient présents sur le champ de bataille ! Mais le Comité général, dirigé par Marx et Engels, aimait mieux rester en sécurité, les pieds sur les chenets, et donner des instructions. Et quelles instructions !

Du 4 avril : Ne créez pas d’agitations inutiles en province.

Du 9 avril : D’ici là, laissez agir les républicains et ne vous compromettez en rien.

Ou bien : La lutte est définitivement engagée. Nous comptons sur vous pour la soutenir.

Mais le comble de l’absurdité, c’est que ces gens, avides de pouvoir, voulaient aussi contrôler le mouvement de chaque combattant socialiste. Ainsi :

Du 23 mars : Gardez Gobert à Lyon, Henriet avec vous et envoyez Estein à Marseille.

Du 24 mars : Envoyez Cluseret à Paris (beau cadeau, ma foi ! qu’ils lui faisaient).

Du 20 mars : En présence des difficultés qui entravent le départ pour Lyon des citoyens Assi et Mortier, le citoyen Landeck est délégué à Marseille et à Lyon avec pleins pouvoirs[1].

Suivant les statuts de l’internationale, son Comité général n’avait que des fonctions purement administratives et ne devait servir que comme bureau central pour la correspondance des différentes organisations nationales. Le Conseil n’avait en rien à intervenir dans les affaires intérieures de chaque pays. Pourtant, sous la direction de Marx et d’Engels, il s’arrogea peu à peu d’autres droits, comme de guider les organisations ouvrières et il en arriva en folie de dictature à envoyer des ordres comme ceux que nous venons de lire : Pleins pouvoirs sur Marseille et Lyon à un illustre inconnu ! (Et quel tact ! Deux Allemands déléguant un bonhomme à nom allemand pour diriger les socia-

  1. Voir Histoire de l’Internationale par un bourgeois républicain (Fiaux).