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des hommes qui n’avaient jamais fait partie d’aucune section, et même le fameux ami intime d’Engels, Multman Barry, le correspondant du Standard et l’agent des conservateurs anglais. Avec une majorité composée de la sorte, ils exclurent Bakounine, Guillaume et avec eux les fédérations jurassienne, espagnole, italienne, belge, anglaise. Avec Marx, Engels, M. Barry et autres restèrent seulement les Allemands et quelques groupes isolés dans les différents pays. Tous les éléments actifs et révolutionnaires se rallièrent aux fédéralistes-anarchistes et ce sont eux qui continuèrent jusqu’en 1882 à convoquer les congrès de l’internationale[1].

Quelles dates évoqua Engels ! Qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’une majorité légalitaire, issue de bases aussi glorieuses, pactisât à Zurich avec les gouvernements, battît les indépendants et prêchât la guerre ?…

II

Dictature et prétention scientifique.

Pour avoir une idée plus nette de la conduite de Marx et d’Engels comme inspirateurs du Conseil général de l’Internationale, il faut voir quelle fut leur attitude pendant la Commune de Paris.

Le 3 avril 1871, le Conseil général de l’Internationale de Londres écrivait à Paris : Les citoyens, membres du bureau de Paris, sont invités, vu l’état des choses, à adresser au bureau central à Londres des rapports journaliers.

Demander des rapports à des gens qui se battent ! Mais pourquoi des rapports ?

  1. Il n’est pas inutile de rappeler que Jung avait refusé de se rendre à ce congrès. « Marx et Engels me pressèrent de venir… Je refusai… Le jour suivant, ils revinrent… Engels me dit même : « Vous êtes le seul homme qui puisse sauver l’Association. » Je lui répondis que je ne pouvais aller à la Haye qu’à une seule condition, c’était que Marx et lui n’y allassent pas. » — On voit que, même parmi leurs adhérents, on considérait leur influence comme néfaste.