Page:Tcheng Kitong - Les Chinois peints par eux-memes, Calmann Levy, 1884.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien compté, additionné, et qu’on arrive à un chiffre rond, le mariage est fait : bon parti !

N’est-ce pas ainsi ? pourquoi le : sans dot ! de Molière serait-il sublime, s’il n’en était pas de la sorte ?

Les mariages d’argent sont l’injure la plus violente qu’on puisse faire aux femmes. Mais elles ne sentent pas l’affront, puisque, se laissant acheter, elles ont souvent même le courage de se vendre.

J’avoue que le divorce ne me paraît plus nécessaire quand on examine un tel état social. On est si peu uni par le mariage ! Ah ! nos mœurs sont plus solides, plus dignes, et il m’est impossible d’admirer, malgré la meilleure volonté du monde, ce mélange de traditions solennelles et de petites choses mesquines qui ressemble à une pièce d’opéra bouffe. Ainsi constitué, le mariage est devenu si fragile qu’il faut des procédés d’une grande délicatesse pour le traiter dans ses écarts : et le divorce étant une pièce d’artillerie de siège, je crains fort qu’il n’emporte dans sa foudre ce