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circonstances, ne divorceraient pas !... Mais je m’aperçois que je plaide pour le divorce, ce dont je m’excuse, parce que les situations respectives de la société occidentale et de la nôtre sont absolument différentes. Chez nous la femme se marie sans dot. Le mot sublime d’Harpagon : sans dot ! n’aurait aucun sens. L’argent et la femme n’ont aucun rapport entre eux ; les femmes n’héritent pas. Ah ! certes, je ne veux pas médire du sexe féminin, mais c’est là une des institutions les plus heureuses de la Chine, et une des plus habiles. Le mariage d’argent n’existe pas.

J’ai cherché à expliquer à mes compatriotes ce qu’on entendait par un mariage d’argent ; ils ont toujours compris que c’était un acte de commerce, une affaire. Chez nous, les parents comptent longtemps à l’avance les titres d’honorabilité de la famille à laquelle on va demander une épouse ; on s’informe au sujet des qualités de la jeune fille. Ailleurs, en Occident, on compte les écus de la dot, on calcule les espérances, c’est-à-dire les décès des parents, et quand on a