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interrogé sur nos mœurs m’ont toujours adressé cette question : « Divorce-t-on beaucoup en Chine ? » La première fois cette demande m’a étonné, puis, en réfléchissant, j’ai compris que c’était, en effet, la seule chose qu’il importe de savoir. Lorsque, pour la première fois, la souffrance vous oblige à aller chez un dentiste, vous demandez à vos amis si « ça fait bien mal ». Vous avez l’inquiétude de l’inconnu. Il se passe quelque chose de semblable pour le divorce : on en a peur ! et c’est pourquoi on questionne : « Divorce-t-on beaucoup chez vous ? » Rassurez-vous, esprits timorés et naïfs.

Le divorce n’est pas si terrible qu’il en a l’air ! À force de le craindre vous le rendez menaçant, comme Croquemitaine, Lorsqu’il suffit pour l’annihiler qu’il soit un remède pire que le mal. Voilà sa vraie définition en Chine. Il suffit qu’il puisse être utile pour que sa présence soit excusable ; mais il a un vice originel de « mal nécessaire » parce qu’il est un témoignage de l’imperfection humaine et qu’il rompt le charme que nous