Page:Tcheng Kitong - Les Chinois peints par eux-memes, Calmann Levy, 1884.djvu/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’ai parlé aussi de la fraternité : ce n’est pas un vain mot. Les mots sont toujours effectifs chez nous, et celui de fraternité, surtout entre frères, a une réalité vraie.

La fraternité est un sentiment qui a sa source dans la famille et qui y puise sa force. Il n’est donc pas étonnant que dans les sociétés où la famille a péri, la fraternité ait perdu son caractère. Il s’est substitué à sa place une sorte de sentiment qui ressemble à la résignation — je ne crois pas qu’elle soit chrétienne — et qui, aidé de l’habitude, finit par créer le modus vivendi entre frères. Nos mœurs sont tout à fait différentes.

L’amitié fait aussi partie de nos devoirs les plus précieux ; ce n’est pas un sentiment inutile. Les amis sont les amis, et pour me servir des mêmes expressions que La Fontaine, je dirai que ni le nom ni la chose ne sont rares. Nous possédons même une antique formule qui se chantait autrefois et qui définit simplement les devoirs de l’amitié. En voici la traduction littérale :