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Les descriptions ont aussi excité le goût des poètes ; mais dans ce genre il faut être parfait pour ne pas créer l’ennui ou la monotonie. Il existe bien des pièces originales qui mériteraient d’être connues : je n’en citerai qu’une seule dont on chercherait vainement, je crois, une semblable dans les poésies de l’Occident. Je la cite comme un des chefs-d’œuvre de ce genre.


LA GUITARE


Aux bords du fleuve Tcheng-Yang,
Pendant la nuit, je reconduisais un ami.
Les arbres et les roseaux,
Agités par le vent d’automne,
Murmurent tristement.
J’étais descendu de cheval et j’accompagnai
Mon ami sur son navire :
Nous voulions boire une dernière fois,
Avant de nous quitter.
Mais sans musique on n’était pas gais,
Et seulement cinq minutes nous séparaient du départ ;
La lune répandait sur le fleuve
Une clarté mélancolique.
Tout d’un coup nous entendons le son d’une guitare.
Mon ami et moi oublions l’heure du départ ;
Et nous guidant d’après les sons,
Nous cherchons à découvrir qui en joue.
Nous approchons notre navire : nous appelons :
Mais les accords se taisent : on hésite