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Il s’arrête immobile.
Et le souverain et les serviteurs
Se regardaient, les yeux pleins de larmes !
Au palais, la vue des souvenirs,
Qui n’ont pas subi de changement,
Excite de nouveaux soupirs :
Les pivoines, qui rappellent la fraîcheur de son teint,
Et les saules, ses sourcils,
Font couler les larmes ;
Les feuilles jaunies jonchent les allées du jardin .
Tous les musiciens paraissent blanchis ;
Les serviteurs ont vieilli.
Le soir, les vers luisants voltigent
Autour de cette désolation ;
Et les lampes finissent de brûler
Sans que l’empereur ait pu s’endormir.
Que les soirées sont longues !
Il compte les veilles, jusqu’à ce que les étoiles pâlissent.
La gelée couvre les toits de givre,
Son lit lui semble froid comme la pierre,
Hélas ! la séparation date depuis des années.
Et jamais l’âme de la favorite
N’est revenue dans son rêve !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Un prêtre de Ling-Kung
Ayant le pouvoir de communiquer avec les esprits,
A appris que l’empereur est agité par des pensées
D’amour : il s’offre pour rechercher
L’esprit de la favorite.
Il traverse l’espace ; il marche, comme les éclairs,
Sur les nuages ;
il monte au ciel ; il pénètre dans les entrailles de la terre ;
Il ne trouve nulle part dans l’immensité l’esprit de la favorite.
Tout d’un coup il apprend qu’il existe sur la mer,
Une montagne idéale habitée par les immortelles.