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Charmaient tous les instants de l’empereur.
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Tout à coup, les tambours battent :
Une révolte a éclaté qui interrompt ces plaisirs :
La poussière s’élève au loin, au-delà des villes ;
Les chariots et les chevaux se précipitent vers le Sud-Est.
L’équipage impérial a parcouru déjà
Plus d’une centaine de lieues ;
Il est arrêté[1] : tous refusent de continuer la marche.
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L’empereur doit se résigner à la mort de sa favorite.
Tous ses bijoux sont éparpillés sur la terre ;
Le souverain, les deux mains sur son visage,
Fleurait dés larmes de sang,
En assistant à cette triste scène,
Sans pouvoir sauver celle qu’il aimait.
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Au milieu de la poussière jaune
Que soulève un vent violent,
On arrive enfin, par des chemins détournés et escarpés,
A gagner une halte.
Au pied de la montagne, les voyageurs sont rares :
Les drapeaux ne brillent plus sous le soleil pâle ;
L’eau bleue du fleuve, la verdure des champs,
Augmentent encore la tristesse de l’empereur ;
Son cœur se brise, à la douce clarté de la lune ;
Il s’agite convulsivement.
Enfin l’empereur rentre dans sa capitale ;
En passant près de la tombe
Où repose sa bien-aimée
Et ne voyant plus cette figure si chère à son cœur,

  1. La beauté de la favorite avait enflammé les envieuses convoitises d’un puissant voisin. Pour empêcher la guerre, l’empereur fut obligé de sacrifier sa favorite.