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Je t’ai quitté non marié...
Et tes enfants sont nombreux.
Les voilà qui tous, d’un air joyeux,
Accourent et m’appellent leur oncle,
Et me demandent d’où je viens !
Pendant ma causerie avec les tiens
Le festin est déjà préparé ;
Tu es allé couper toi-même les légumes
Pendant la pluie de la nuit,
Et tu m’as préparé le riz de la nouvelle récolte.
Puisque la rencontre est si difficile,
Tu m’as dit qu’il fallait vider dix tasses...
Mais ce n’est pas pour m’enivrer,
Mais pour me faire éprouver
L’ardeur de ton ancienne amitié.
Hélas ! nous serons séparés de nouveau, demain,
Par une multitude de montagnes,
Et le monde deviendra immense !


Ces petits poèmes n’ont pas les coups d’aile ambitieux de la poésie lyrique, mais ils en ont conservé une certaine forme de simplicité qu’on ne trouve que dans les œuvres de l’antiquité. Notre poétique n’a pas seulement que de petites pièces dans son répertoire : elle possède de nombreux poèmes où l’intérêt de l’action s’unit à l’éclat du style et à la richesse des couleurs. J’en veux donner comme exemple une pièce du poète Pé-Ku-Hi. Son titre est : l’Amour.