Page:Tcheng Kitong - Les Chinois peints par eux-memes, Calmann Levy, 1884.djvu/264

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

judiciaire. Ce serait infâme si ce n’était grotesque ! Mais je reviens aux affamés qui attendent l’ouverture des portes : c’est tout aussi grotesque et j’invite les partisans de l’école réaliste à contempler cette scène qu’on pourrait appeler la mêlée des habits noirs.

C’est d’abord un torrent bondissant à travers tous les obstacles, s’étendant partout où se trouve un espace vide, puis par degré se resserrant, se rapetissant, jusqu’à former une masse compacte, véritable chaos de dos noirs sur lesquels pendent des têtes chauves enveloppées dans des cols empesés. Ces têtes font des mouvements indéfinissables marquant les progrès de l’entassement ; puis, les bras qui se lèvent, les mains qui approchent du but et parviennent à saisir les mets délicats si avidement désirés, et qui arrivent enfin, à moitié écrasés, dans la bouche de leurs heureux vainqueurs. Ce premier succès enhardit l’appétit.

Cette fois la coupe arrive jusqu’aux lèvres, et la bouche et les poches se bourrent simulta-