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Je suis un admirateur passionné de l’esprit. C’est la seule chose qui distingue et qui suffit. On se lasse de tout excepté de cela. Quand il tarit chez les autres, on en garde encore une petite provision, et il console de la société d’un tas de gens qui ne sauront jamais rien de ce que vous sentez !

L’esprit est très aristocrate ; il est indulgent pour le bon sens tout simple et qui se sait terre à terre ; mais quel est son dédain pour cet esprit pédant, multicolore, emprunté, étiqueté, qui ressemble à un blason acheté ou à une décoration trop étrangère ! Les femmes ont un flair pour le connaître quand il est authentique, et j’aurais compris qu’on les consultât sur le choix des Académiciens. Avoir la voix des femmes ! quelle n’eût pas été la gloire d’appartenir à l’illustre compagnie !

J’ai vu des réunions très suivies, mais où l’on savait trop que l’on se réunissait. Chacun avait eu soin de polir monsieur son esprit et d’essayer ses ailes. On préparait d’avance ses mots, comme