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J’étais embarrassé à mon tour, ou du moins je crus l’être. — Certes, oui ! répondis-je, c’est donc là s’amuser ? — Sans doute ! Eh bien, ajouta-t-elle, avec un sourire charmant, s’amuse-t-on ? » et je dus avouer qu’on ne s’amusait pas de la même manière.

Car enfin on s’amuse, et beaucoup, quand on n’est pas dépourvu d’esprit ou tout au moins de bonne humeur. L’esprit joue dans nos plaisirs le plus grand rôle. Naturellement on l’excite, on le met en train, on lui donne des ailes ; mais il est le grand organisateur de nos amusements. La vie au dehors n’est pas organisée comme la vie à l’européenne. On ne cherche pas les distractions et les amusements hors de chez soi. Les Chinois qui ont quelque fortune sont installés de manière à n’avoir pas à désirer les plaisirs factices qui sont, en somme, la preuve qu’on s’ennuie chez soi. Ils ont pensé d’avance à l’ennui qui aurait pu les envahir et ils se sont prémunis contre l’occurrence. Ils n’ont pas pensé que les cafés et autres lieux publics fussent absolument nécessaires