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Et mes frères, qui cependant ne sont pas mes soutiens.
Se fâchent contre moi si je parle de ma tristesse.

Mon cœur ne ressemble pas à la pierre
Que l’on puisse encore tailler ;
Il n’est pas tel qu’un store
Que l’on roule et déroule à volonté :
Il est plein de droiture et d’honnêteté ;
Moi-même ne puis le diriger.

Ma tristesse est si grande !
Presque tous sont jaloux de moi ;
Les calomnies m’attaquent, nombreuses ;
Et les railleries ne m’épargnent pas.
Cependant quelle faute ai-je commise ?
Je puis mettre la main sur ma conscience

Le soleil est toujours resplendissant,
Mais la lune décroit chaque jour.
Pourquoi les rôles ont-ils changé ?
Mon cœur est comme étouffé,
Semblable au haillon qu’on ne peut blanchir
Ah ! lorsque je pense, au milieu du silence,
Je regrette de ne pouvoir m’envoler !


L’ABSENT


La lune est haute et brillante ;
Je viens d’éteindre ma lampe...
Mille pensées s’agitent dans mon cœur,
Mes tristes yeux se remplissent de larmes.
Mais ce qui rend ma douleur plus poignante
C’est que vous ne la connaîtrez pas !