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J’ai gravi la montagne jusqu’au sommet
Pour fixer mes yeux vers mon frère aîné
Et j’ai cru l’entendre gémir :
Mon jeune frère est au service militaire
Accompagné jour et nuit de ses camarades,
Mais il est prudent, il pourra encore
Revenir, sans y mourir.


J’ai tenu à donner la traduction presque littérale de cette petite pièce pour en faire mieux sentir la simplicité naïve. Elle est sans ambition ; un jeune soldat pense aux êtres qui lui sont le plus chers au monde : son père, sa mère, son frère aîné. L’ordre dans lequel est présentée sa pensée nous révèle l’organisation de la famille dans la vie antique ; elle comprend trois termes : le père, la mère, et le frère aîné. Le père et la mère se reconnaissent déjà par la nature des sentiments qui distinguent l’homme de la femme. La pauvre mère pense que son fils ne peut pas dormir ; le père n’y songe pas ; pour lui son fils est soldat, et, s’il est prudent, il pourra revenir. Le frère aîné voit la vie des camps, les camarades, et s’il doit mourir, il ne dit pas, comme la mère,