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La mort ne brise pas le pacte de l’amour dans la famille : elle le divinise en quelque sorte ; elle le rend sacré. Les morts ne sont pas oubliés.

L’oubli pour les morts c’est une loi en Occident. Peu y contredisent ; et à part les familles où par vanité, dit-on, il faudrait dire par un noble orgueil, on conserve la mémoire de ceux qui ont illustré le nom dans les grandes charges de l’État, on ne sait généralement rien des aïeux au delà de trois générations. L’aïeul, c’est-à-dire, le père du grand-père est l’X de la famille ; et, quant aux grand’mères, la nuit qui les enveloppe est encore plus obscure.

J’ai entendu traiter ce sujet avec une désinvolture qui m’a intéressé : car c’est un côté vraiment intéressant de l’histoire de la civilisation moderne qui use tout, consume tout, ridiculise tout, j’allais dire, même ce qui est sacré ! c’est un reste de simplicité.

Les ancêtres s’appellent les vieux, et il faut ajouter à ce mot un sens qui n’est pas dans la grammaire. Pauvres vieux, en effet, moins chers