Page:Tcheng Kitong - Les Chinois peints par eux-memes, Calmann Levy, 1884.djvu/130

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’histoire à la manière de Tacite, sans passion et sans haine.

Il ne faudrait pas croire, cependant, que ce mutisme de l’histoire soit rigoureux. En certaines circonstances on voit d’audacieux censeurs qui ne se font pas faute d’accuser de très hauts fonctionnaires sur les irrégularités d’actes administratifs, ordonner une enquête et, selon les cas, infliger des punitions aux coupables. Le souverain lui-même n’est pas exempté de la sévérité des reproches.

Ce conseil des censeurs est une institution vraiment unique en ce qu’il réalise l’idéal même que poursuit le journalisme en Europe. Il est composé des lettrés les plus en renom de toutes les provinces ; ils ont, par faveur de l’empereur, le privilège de pouvoir tout dire, même les on-dit, et ils ne sont jamais réprimandés sur la légèreté de leurs informations.

La Gazette officielle n’est généralement reçue que dans les cercles officiels. Le peuple ignore complètement ce qui se passe dans l’ordre des faits