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est très bien informé, il ne dit que cela. Quelquefois il se risque à dire ce qui ne se passe pas, mais sous toutes réserves ; ce serait la seule chose intéressante, et le lendemain elle est démentie. A part cela, le journal a des articles d’opinion que les lecteurs de la même opinion approuvent très haut ; mais je me suis laissé dire qu’on n’avait jamais vu — en province, peut-être — des convertis du journalisme.

On ne peut pas dire cependant des journaux qu’ils prêchent dans le désert, mais dans le public, ce qui est un peu de l’essence du désert, ce monde mouvant, tantôt plaine, tantôt montagne, où rien n’est stable et rien ne vit, où les oasis ne sont que des mirages et qui ne semble exister que par le bruit des tempêtes qui soulèvent ses vagues de sable.

C’est en effet un monde insaisissable, capricieux. Ce qui lui plaît aujourd’hui lui déplaît demain ; il n’est jamais satisfait. Regardez ces affolés se précipiter à toute heure du jour sur les journaux : ils en lisent dix, vingt — avec le même air