au coin du feu, avec de la tisane à votre portée. Pauvre chasseur !
C’est vrai, aussi, avec vos palpitations ! Si seulement vous étiez un vrai chasseur ! Mais vous chevauchez toujours à l’écart, afin de pouvoir contester chaque pièce et de gâter le travail des chiens d’autrui. Et puis, encore une fois, laissons là cette discussion. Vous n’êtes pas un vrai chasseur, voilà tout, et n’en parlons plus.
Et vous, vous prenez-vous donc pour un chasseur ? Si vous ne vous écartez pas de Miranof, c’est pour l’aduler, pour intriguer. Le mot est lâché : vous n’êtes qu’un intrigant !
Misérable, taisez-vous !
Oui, un intrigant !
Polisson !
Vieux rat !
Silence, ou je vous tords le cou comme à un poulet !
Personne n’ignore — oh ! mon cœur ! — que votre défunte femme — oh ! ma jambe ! — vous battait — oh ! je meurs !
Et toi, tu vis sous la savate de ta gouvernante !
Voilà, voilà, ça y est, mon cœur a éclaté, mon épaule se détache, je… je… Un médecin !
Hou, hou, le vilain pistolet !
Un médecin !… un mé…
Voyez-moi ce chasseur ! Serait-il même capable de se tenir encore en selle, je vous le demande ?… Papa, qu’est-ce qu’il a ?… Regarde-le, Papa… Ivan Vassiliévitch !… Il est mort !
J’étouffe !… De l’air !…
Il est mort ! (Elle le secoue par une manche.) Ivan Vassil… Ivan Vass… Qu’avons-nous fait ! Nous l’avons assassiné !
Qu’est-ce qu’il a ? Qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce que vous avez ?
Il meurt… Je meurs… Nous mourons…
De l’air ! De l’eau ! Des médecins ! (Il appuie un verre d’eau sur les lèvres de Lomof.) Buvez, saperlipopette ! Buvez donc ! Il ne boit pas. Lui qui aimait tant les verres d’eau ! Il ne boira plus. Malheureux que je suis ! Pourquoi ai-je attendu jusqu’à ce jour pour me pendre, m’égorger, m’étrangler, m’étouffer, me noyer, m’empoisonner avec le premier revolver venu ! Un poignard ! Qu’on me donne un poignard ! (Lomof remue.) Il ressuscite ! Tenez, buvez.
Où suis-je ? Qui vois-je ? Que deviens-je ?
Mariez-vous, et vite, et puis allez-vous-en tous les deux au diable ! (Il empoigne leurs quatre mains et les unit.) Elle consent. Je vous bénis. Et à présent, laissez-moi tranquille.
Hein ? Elle consent ? Qui ? À quoi ?
Oui, oui, embrassez-vous, et déguerpissez, que je n’entende plus de pareils vacarmes.