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Quand les deux amis rentrèrent dans leur ville, c’était déjà le mois de novembre et une épaisse couche de neige couvrait les rues. Khôbotov occupait la place d’André Efîmytch. Il habitait encore son ancien logement, attendant le retour du docteur pour entrer en possession du sien à l’hôpital. Déjà la femme laide, qu’il appelait sa cuisinière, était établie dans une des annexes. En ville couraient de nouveaux cancans. On disait que la femme laide s’était fâchée avec l’économe de l’hôpital et qu’il s’était traîné à ses genoux, lui demandant pardon.

André Efîmytch, dès le jour de son retour, dut se mettre en quête d’une habitation.

– Mon ami, lui demanda timidement le maître de poste, excusez mon indiscrétion : de quelles ressources disposez-vous ?

André Efîmytch compta en silence l’argent qu’il avait sur lui, et dit :

– Quatre-vingt-six roubles.

– Ce n’est pas ce que je veux dire, repartit Michel Avériânytch d’un air effaré. Je vous demande quelles sont vos ressources totales.

– Mais je vous le dis : quatre-vingt-six roubles !… Je n’ai rien plus.

Michel Avériânytch tenait le docteur pour un homme noble et honnête, mais cependant, il lui croyait un capital d’au moins vingt mille roubles.