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vociféra-t-il, dans un accès de délire comme on ne lui en avait jamais vu. Il faut tuer cette canaille ! Non, ce n’est pas assez de la tuer ! Il faut la noyer dans les cabinets !

André Efîmytch, l’entendant, regarda dans la salle, et lui demanda doucement :

– Pourquoi ?

– Pourquoi ? cria Ivan Dmîtritch marchant sur lui d’un air terrible et se drapant convulsivement dans sa capote. Pourquoi ? Voleur ! fit-il avec dégoût, avançant les lèvres comme s’il voulait cracher. Charlatan ! Bourreau !

– Calmez-vous, dit André Efîmytch, souriant d’un air coupable. Je vous assure que je n’ai jamais rien pris, et, pour le reste, je crois que vous exagérez fortement. Je vois que vous êtes fâché contre moi. Calmez-vous, je vous en prie, si vous le pouvez, et dites-moi posément pourquoi vous voulez me tuer ?

– Pourquoi me gardez-vous ici ?

– Parce que vous êtes malade.

– Oui, malade. Mais des dizaines, des centaines de fous se promènent en liberté parce que votre ignorance ne sait pas les discerner des gens bien portants ! Pourquoi ces malheureux que voici, et moi, sommes-nous obligés de rester ici pour tous les autres comme des boucs émissaires ? Vous, l’économe, l’aide-chirurgien, et toute votre séquelle hospitalière, êtes, dans l’ordre moral, infiniment