manche. Iôna, comme sur des aiguilles, se tourne sur son siège, tire les coudes à droite et à gauche, remue les yeux comme un homme que la vapeur aveugle, et il a l’air de ne pas comprendre où il est, ni pourquoi il est là.
– Quels clampins ! persifle l’officier ; on dirait, comme s’ils s’étaient donné le mot, qu’ils font exprès de venir se jeter sur vous ou sous le cheval !
Iôna se retourne vers son client et remue les lèvres…
Il voudrait dire quelque chose, mais rien ne sort de sa gorge qu’un enrouement.
– Quoi ?… demande l’officier.
Un sourire tord la bouche de Iôna, il fait effort du gosier, et dit d’une voix enrouée :
– Mon fils, bârine,… est mort cette semaine.
– Hein ?… De quoi est-il mort ?
Iôna tourne tout le buste et dit :
– Est-ce qu’on sait ?… De la fièvre chaude, probablement… Il est resté trois jours à l’hôpital et il est mort. La volonté de Dieu soit faite !
– Tourne-toi, diable ! crie une voix dans le noir. Tu n’y vois plus sans doute, vieux chien ? Ouvre les yeux !
– Fais marcher, fais marcher, dit l’officier, ou nous n’arriverons que demain… Pousse un peu !
Le cocher tend de nouveau le cou, se soulève, et, avec une grâce pesante, agite son fouet. Plusieurs