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C’étaient surtout des Petits-Russiens des districts avoisinants, mais il y en avait aussi des districts éloignés, venus à pied des gouvernements de Koursk et d’Orel. Il y avait dans ces bandes bariolées des Grecs fermiers de Marioûpol, fortes gens, affables et graves, très loin de ressembler à ceux de leurs congénères abâtardis et chétifs, qui peuplent nos villes maritimes du Sud. Il y avait aussi des cosaques du Don avec leurs pantalons à bandes rouges et des habitants de la Tauride, émigrés dans d’autres gouvernements ; enfin beaucoup de pèlerins d’un type indéterminé, dans le genre de mon Alexandre Ivânytch, dont on ne pouvait dire ni à leur figure, ni à leurs discours, ni à leurs habits quelles gens c’étaient et d’où ils venaient.

Le sentier finissait à un petit radeau en face duquel partait une route étroite, ouverte dans l’escarpement de la rive, et qui conduisait à l’ermitage. Au radeau étaient amarrés deux canots rébarbatifs et lourds, semblables à ces pirogues de la Nouvelle-Zélande que l’on voit dans les livres de J. Verne. L’un des canots, avec des tapis sur les bancs, était destiné au clergé et aux chantres ; l’autre, sans tapis, était pour le public. Quand la procession revint vers le monastère, je fus du nombre de ceux qui parvinrent à se glisser dans le second. Il y avait eu tellement d’élus que le canot pouvait à peine avancer, et, tout le passage,