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rent, de la belle façon. Les « grands » s’assemblèrent, et l’on décida de protester. Cinq ou six, dont j’étais, eurent pleins pouvoirs pour diriger le mouvement.

Nous arrêtâmes que, tant que le proviseur ne reviendrait pas sur sa décision, les récréations seraient « en boucan. » En d’autres termes, au lieu de jouer, les élèves devaient se réunir par groupes dans les cours, crier sur tous les tons, faire, en un mot, un véritable charivari.

Le programme fut exécuté à la lettre.

À peine la classe était-elle terminée que, tous, externes et internes, nous nous groupions par bandes et poussions d’interminables hurlements. C’était un vacarme dont il n’est pas possible de se faire une idée. Les habitants du quartier se demandaient si le lycée n’était pas en révolution, si nous n’étions pas en train de massacrer les professeurs et de mettre le feu à l’établissement.

Les malheureux maîtres d’étude, entourés et conspués, ne savaient que devenir.

Au surplus, j’avais rédigé un article virulent contre le proviseur, et le Peuple lui avait donné l’hospitalité de ses colonnes. L’article, découpé du journal, fut placardé dans chaque