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— Je ne vous en veux pas… Non, papa, ce n’est pas à vous que j’en veux !

Ma mère insista pour que je continuasse mes études. Il ne fallait plus songer à me mettre dans un collège catholique. J’entrai au lycée, comme externe libre.

Je commençai, dès lors, une existence en partie double.

Moitié élève, moitié journaliste, j’allais, deux fois par jour, au lycée, pour y suivre les cours, et, rentré au logis paternel, je bâclais mes devoirs et passais le reste de mon temps à griffonner des impiétés, que je m’efforçais de faire accueillir par les feuilles radicales de la ville.

Au surplus, je revoyais ceux que j’appelais mes amis : le conspirateur Leballeur-Villiers, l’athée Royannez, le juif Simon Weil.

Mon père, à qui je ne cachai plus ma conduite, était désespéré.

J’apportais triomphalement à la maison mes bonnes notes de classe, mes certificats de premier ou second en composition, et, en même temps, j’affectais de déployer quelque journal d’opinion écarlate, la Voix du Peuple ou l’Excommunié.

Ma mère ne voyait que mes succès d’élève