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Par vos accents mélodieux.
Laissez pleurer celui qui pleure ;
Chantez : votre sort, à toute heure,
Est d’être gais, est d’être heureux.
Et toi, gracieuse hirondelle,
Qui vas dans le midi pour retrouver l’été,
Passe par ma Provence, et porte, sur ton aile,
Porte mes chants d’amour à mon père attristé !


Parfois, j’entrais dans une colère sauvage contre Dieu ; je le maudissais, je faisais retentir les murs de ma cellule des plus horribles blasphèmes. Puis, je retombais, abattu, et je me disais :

— Non ! Dieu n’existe pas !

Et j’essayais de me convaincre des sottises de l’athéisme.

Dans d’autres moments, c’était la tristesse qui m’accablait, après mes accès de fureur ; j’avais alors d’étranges aspirations. Je sentais qu’un être immatériel est au-dessus de nous, et je l’invoquais, quel qu’il fût.

Voici encore une de ces poésies de prison, composée le 25 décembre :


LE NOËL DE L’EXILÉ


 C’est Noël ! c’est Noël ! L’Église, tout entière,
Dans ses joyeux transports chante son Rédempteur :
Elle se réjouit ; et moi, loin de ma mère,
Je pleure et suis rempli d’une atroce douleur.