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Œuvre ; détenteur de listes d’adhésions, il m’avait bien fallu, sous peine de voir mes projets se démasquer, continuer à accueillir les souscriptions des personnes auprès desquelles j’avais été précédemment un propagateur de la dévotion à Notre-Dame du Sacré-Cœur.

On voit d’ici mon ennui, mon embarras.

Cet argent n’était pas à moi ; bien qu’il fût destiné à l’Église que je considérai alors comme l’ennemie, et quelle que fût mon ardeur extrême à augmenter n’importe comment mes ressources, je ne pouvais m’approprier la somme en ma possession ; c’eût été un vol.

Quelques jours avant notre fugue, je rencontrai l’abbé Jouet.

Le directeur de la Petite Œuvre avait, sans doute, depuis mon départ de Saint-Louis, reçu les confidences de l’abbé Carbonnel, mon dernier professeur ; celui-ci lui avait probablement fait part de ses appréhensions à mon sujet. En effet, l’abbé Jouet se tint sur la réserve, en me voyant. J’étais, à la rue, causant avec quelqu’un de mes nouveaux amis, dont la tournure était éminemment démocratique.

Plantant là mon ami, j’allai droit au missionnaire de Notre-Dame, très étonné.