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s’occupait plus de politique que de photographie.

C’était un grand diable d’homme, sec, nerveux, énergique ; il portait une barbiche grisonnante ; l’œil étincelait. On aurait dit un Méphistophélès de cinquante ans. Il avait été, au 2 décembre, déporté, si je m’en souviens bien, à Lambessa. Il haïssait l’Empire d’une haine implacable.

Quand il me racontait les amertumes de sa proscription, j’étais suspendu à ses lèvres.

Je me serais fait tuer pour M. Leballeur.

Il avait une femme très simple, très douce ; dévouée à son mari, elle subissait son ascendant et partageait ses idées.

J’éprouvais une sorte d’ivresse, lorsque je me trouvais auprès d’eux.

M. Leballeur-Villiers faisait des armes et était d’une adresse exceptionnelle au pistolet. À vingt-cinq pas, il logeait sa balle au milieu d’une cible de dix centimètres de diamètre à peine.

Un jour, je prenais le café chez lui. Il s’amusait à tirer dans son jardin.

— Monsieur Leballeur, lui dis-je, voulez-vous une bonne cible ? Tirez dans cette soucoupe.