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Je répondis immédiatement :


Paris, 18 mai 1885.
Cher citoyen Bonnardot,

L’expression exacte de ma pensée se trouve dans mon article du n° 316 de la République Anti-Cléricale (16 mai), article contenant mes adieux aux quelques libres-penseurs que la calomnie de la grande majorité des journalistes républicains de Paris n’a pas encore détachés de moi.

J’en ai assez.

Abreuvé d’outrages par les intransigeants et les opportunistes, par les révolutionnaires et les modérés, criblé de traits perfides que des lâches me décochaient par derrière, tandis que, soldat indépendant, je me battais à l’avant-garde ; lassé, découragé, écœuré, je ne puis résister au dégoût qui m’envahit et je brise pour toujours ma plume anti-cléricale.

Puisque la fraternité républicaine n’est qu’un mensonge, qu’ils se dévorent donc tous les uns les autres ! Qu’Hébert envoie Vergniaud à la guillotine ! Que Danton y envoie Hébert ! Que Robespierre à son tour y envoie Danton ! et que Tallien termine la série en y envoyant Robespierre !

Et, quand un tirailleur se donnera de tout coeur à la libre-pensée et se battra sans vouloir accepter le mot d’ordre d’aucune coterie, que la Franc-Maçonnerie, dans l’ombre, le perce de ses flèches empoisonnées !…

Vous me demandez l’autorisation de publier ensemble et votre lettre et ma réponse. Je vous donne cette autorisation bien volontiers. J’ai toujours été pour le grand jour. Dussè-je voir se tourner contre moi demain les rares amis qui m’étaient