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venu. Mes yeux devaient enfin s’ouvrir ; ils sont ouverts. Et je vois qu’à part de rares exceptions, qui ne font que confirmer la règle, la fraternité républicaine est une fiction. Jamais elle n’entrera dans le domaine de la réalité ; elle ne le peut pas. 1793 en a donné le sinistre exemple ; les républicains sont condamnés à se dévorer les uns les autres.

Ceux qui me connaissent pour m’avoir fréquenté, ceux qui savent ce que j’ai souffert, ne me blâmeront pas. Quant à ceux qui se croient des rocs inébranlables pour avoir supporté quelques contrariétés sans conséquence, ceux-là me jetteront la pierre ; je leur pardonne dès à présent.

Au moins, la situation fausse, dans laquelle je me suis trouvé jusqu’à ce jour, cessera. Mais je ne prétends engager personne. La Ligue Anti-Cléricale, dans laquelle j’ai trouvé de sérieuses amitiés, n’est pas responsable de mon départ ; mes collaborateurs eux-mêmes ne sont pas solidaires de moi, et je leur laisse le champ libre. Mais, puisse mon exemple leur servir !

Tout ce que je demande aux groupes de la Ligue et aux amis dont je cesse d’être le collaborateur, ce n’est pas de me voter des présidences honoraires auxquelles je n’ai aucun droit et que je refuse ; ce n’est pas non plus de me plaindre, car c’est précisément aujourd’hui que je ne suis plus à plaindre. Ce que je leur demande, c’est de dire et répéter, chaque fois que l’occasion s’en présentera, ce qu’ils savent, c’est-à-dire que j’ai été, de la part de la grande majorité des républicains, l’objet des plus injustes attaques ; que, lorsqu’on a allégué que j’ai exploité les libres-penseurs, on a menti, puisque j’ai au contraire sacrifié à la propagande tout ce que j’ai gagné ; que, lorsqu’on a affirmé dans des réunions publiques