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me suis demandé si je pourrais jamais obtenir le pardon de mon Dieu que j’ai tant outragé.

Puis, j’ai considéré combien sa miséricorde est infinie, et j’ai pris espoir.

— Oui, me suis-je dit, que Dieu est bon d’avoir toléré des blasphèmes pareils à ceux que j’ai publiés, des sacrilèges pareils à ceux que j’ai commis !… Il aurait pu me foudroyer, et, avec justice, me plonger dans l’éternel abîme de la damnation. Il ne l’a point voulu ; au contraire, il a attendu que je me fusse enfoncé au plus profond de l’antre obscur de l’incrédulité, pour me donner tout à coup la lumière de sa grâce.

Je crois ! je crois !

Je vais, ce matin même, me confesser, moi qui ai tant dénigré la confession.

C’en est fait, l’esprit des ténèbres est à jamais chassé de mon âme. Je mettrai désormais tous mes efforts à réparer, s’il est possible, tout le mal que j’ai accompli.

Mon excellent père n’avait jamais désespéré de ma conversion ; lui aussi, il a beaucoup prié pour moi. Je me souviens qu’il me l’a dit souvent, et il ajoutait qu’il adressait à ce sujet des prières particulières à sainte Monique, qu’il la suppliait d’obtenir de Dieu ma conversion ainsi qu’elle avait obtenue celle de son propre enfant. Or, voici que, comme le fils de cette bienheureuse mère, comme saint Augustin, je me convertis dans ma trente-deuxième année.

Je vous prie de faire dire une messe d’actions de grâces, pour remercier Dieu de sa miséricorde à mon égard. Faites-la dire à Notre-Dame de la Garde, où j’irai avec vous à mon premier voyage à Marseille.

Je ne saurais vous exprimer à quel point je suis heureux depuis hier. Je n’ai jamais ressenti une