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défense si pleine d’intelligence, si éclatante de raison, devant le tribunal de Rouen, tout cela se dressait en face de mes objections.

Le 23 avril, j’avais écrit l’article dont j’ai parlé tout à l’heure, article où je jurais que rien ne me ferait renoncer à la lutte contre la religion.

Après avoir envoyé les feuillets à l’imprimerie, je me remis, pour terminer la journée, à ma traduction du procès de Jeanne d’Arc.

Je fus assailli, plus violemment que jamais, par les raisonnements qui se heurtaient et se contredisaient dans mon esprit éperdu.

Tout à coup, j’éprouvai comme une secousse formidable dans tout mon être. Il me sembla qu’une voix intérieure me criait :

— Fou que tu es ! halluciné toi-même ! tu ne comprends donc pas que Jeanne est une sainte, et que, du moment qu’elle était incapable d’un mensonge, elle a réellement eu les visions qu’elle a affirmées ? tu ne comprends donc pas, malheureux, qu’elle accomplissait une mission surnaturelle ? tu ne comprends donc pas que le surnaturel existe, malgré ton scepticisme impie, malgré ton incrédulité ?

Je ne sais ce qui eut lieu alors.

En quelques secondes, je vis revivre tout