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comité franco-italien, et il osait élever la voix.

Je ne pus m’empêcher de le remettre à sa place.

Quelques mots aigres furent échangés. À la fin, je dis à Bordone :

— Allons, en voilà assez ! Pour l’honneur du parti républicain, ne me faites rien dire.

Bordone, qui me savait au courant de ses antécédents, se tut.

Cette courte dispute passa inaperçue, dans la gaîté du repas. À ce moment, à l’autre bout de la table, Aurélien Scholl, Yves Guyot et le comte de Douville-Maillefeu attiraient l’attention des convives par leurs joyeuses reparties.

Seul, M. Delattre prit garde à l’incident, et je suis convaincu qu’il ne l’a pas oublié. S’il lit ce livre, il se rendra compte maintenant des motifs du dégoût que m’inspirait Bordone, et il se dira peut-être que, dans toutes ces circonstances des fêtes garibaldiennes, j’ai montré une bien grande abnégation, tandis qu’à mon égard la malveillance des frères et amis n’eut pas de limites. Il est vrai que Bordone était le protégé des Loges, et que, par contre, je me trouvais, moi, en hostilité déclarée avec les chefs du Grand Orient de France.