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dalisées le spectacle de la débauche poussée jusqu’à l’orgie, alors que la France agonisait et que l’état-major italien de Garibaldi, comme son chef, donnait au monde l’exemple des vertus et de l’austérité républicaines.

Isolé ! par la scission profonde créée par de semblables mœurs et de pareils exemples entre les vieux compagnons de Garibaldi et le jeune entourage de Bordone.

Compromis ! par sa profonde incapacité militaire poussée jusqu’à la trahison.

Je n’en veux citer qu’un exemple, celui d’Autun.

L’armée des Vosges, poursuivie par les Prussiens, après son attaque infructueuse sur Dijon, était parvenue à gagner Autun. Bordone et son état-major festoyaient, quand on vint l’avertir que les Prussiens n’étaient plus qu’à quelques kilomètres.

M. Theuriet, patriote éprouvé, maire de Saint-Denis, village situé à moins de quatre kilomètres d’Autun, en rapports journaliers avec Bordone, vint le prévenir que les Prussiens occupaient déjà son propre jardin.

— Ma police vaut mieux que celle d’aucun général, répondit-il en ricanant ; on ne m’apprendra pas où est l’ennemi. Allons, trinquons !

En vain, les paysans accouraient effarés, criant que les Prussiens étaient à leurs trousses.

— La peur grossit les objets, répondait Bordone.

Et, se moquant, il continuait à boire.

Un obus éclate dans la cour de la sous-préfec-