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Parmi ceux dont je pris copie était celui de M. Bordone, et voici ce qu’il contenait :

Trois condamnations, dont deux pour escroquerie.

La première prononcée par le tribunal de Lachâtre ne portait aucune désignation de motif, ni aucune indication de la peine.

(C’est la condamnation à 50 fr. d’amende pour détournement d’objets saisis, qui figure sur le casier judiciaire transmis par le parquet d’Avignon au Ministre de la Justice du gouvernement de Tours.)

La seconde, à deux mois de prison, prononcée par le tribunal de Paris.

Le troisième, à trois ans, par le tribunal de Cherbourg.

Comme on le voit, la politique n’a rien, absolument rien à voir dans l’événement.

On ne condamne pas dans trois villes différentes, devant trois tribunaux différents, le même individu pour le même délit, répété trois fois, à trois époques et en trois lieux différents, uniquement pour faire disparaître de la scène politique un homme qui y tenait aussi peu de place que le pharmacien d’Avignon.

Loin de moi la pensée de m’ériger en défenseur de l’impartialité politique des tribunaux impériaux de France ; mais je suis bien forcé de constater que des hommes qui ont joué un rôle autrement important que M. Bordone, déchaîné d’autres colères, soulevé d’autres passions, n’ont jamais eu à fuir devant une accusation d’escroquerie.