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souvenir ému de la réception enthousiaste qui lui avait été faite par ma ville natale ; il aimait à se rappeler, notamment, notre jeune Légion Urbaine qui lui avait servi d’escorte depuis le port de la Joliette jusqu’à l’Hôtel de la Préfecture, Et, comme j’avais été, avec le fils d’Esquiros, un des organisateurs de cette Légion, son souvenir se reportait souvent sur moi.

Il avait été frappé de ma jeunesse et de ma précocité. Il s’intéressa à mes luttes de journaliste, à mes souffrances de proscrit. Bref, il me prit en amitié.

Cette amitié, je la lui rendais au centuple. Pour moi, Garibaldi était au-dessus de tous les autres hommes. Je l’aimais comme un fils aime sa mère, comme un croyant aime son dieu. J’étais à lui de tout cœur.

Et voyez combien est grande la puissance de l’affection. Maintenant encore, la mémoire de Garibaldi m’est chère ; son amitié me demeure à jamais précieuse. J’oublie le personnage politique pour ne plus songer qu’à l’homme privé. Je vois en lui deux individus : l’ennemi de la papauté, sur lequel je pleure, ayant partagé ses erreurs ; et le père de famille, au cœur d’or, à l’âme