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Cette mesquine rancune ne porta pas bonheur à M. de Roussen. Il avait acheté l’île de Porquerolles, et une partie des bénéfices que je lui ai procurés servit sans doute à cette acquisition. Un collaborateur, M. Quentin, devenu directeur de l’Assistance Publique, lui obtint l’envoi de nombreux enfants abandonnés pour la colonisation de son île. M. de Roussen fit de cette colonie un véritable bagne, où la torture fut appliquée à ces pauvres petits êtres, indignement exploités, à tel point que la justice eut l’obligation d’intervenir et d’enlever les intéressantes victimes à leurs odieux tourmenteurs.

Qui le croirait ? la directrice de cet enfer était une femme, Mme Lapeyrère. Cette dame, auteur de quelques romans anti-cléricaux publiés sous le nom de Pierre Ninous, avait paru aimable au directeur de la Petite République, qui se montra galant avec elle et lui commanda des feuilletons. Elle rompit avec son mari et devint madame de Roussen, à la mode républicaine. C’est ce couple délicat qui a commis les méfaits honteux, que la presse entière, sans acception de parti, a stigmatisés en les appelant : « les scandales de Porquerolles. »