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Quant à moi, j’étais aveugle. Ma rage contre la religion était telle que je préférai lui sacrifier mes intérêts. Pour ne pas déplaire à ces messieurs, j’interrompis le roman ; je le fis recommencer dans l’Anti-Clérical, où j’étais seul maître, et je donnai ma démission de rédacteur en chef du Midi Républicain.

En recevant, déchiré en quatre morceaux, le papier notarié qui m’assurait une prime de cent mille francs au bout de quelques mois, MM. Firmin et Cabirou furent plongés dans la plus profonde stupéfaction. Ils me savaient animé d’une fureur inouïe contre la papauté ; mais ils ne se doutaient pas que ce fût au point de me faire mettre le pied sur des avantages pécuniaires absolument exceptionnels.

Comme ma collaboration avait pour beaucoup contribué au succès du journal, ils me supplièrent de ne pas les abandonner ; ils me firent ressortir que le Midi Républicain, ayant sa vente désormais assise dans la région, était maintenant sûr d’un magnifique avenir ; ils me représentèrent combien il était possible de le rédiger sans tomber dans des excès ; ils employèrent, enfin, tous leurs efforts à me retenir. Je refusai de revenir sur ma décision, et je retournai pour toujours à Paris.