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Sans doute, Thiériot observa que, si l’œuvre était attribuée à un évêque, la supercherie serait bientôt découverte. En effet, le philosophe imposteur renonça à exagérer le scandale ; il finit par se contenter d’un modeste curé campagnard, aussi inconnu que possible, afin de rendre moins éclatante la constatation de son mensonge.

On trouva un bourg à peu près inaccessible aux investigateurs, Étrépigny, village perdu au fond de la Champagne. On supposa qu’un prêtre, du nom de Jean Meslier, avait été curé d’Étrépigny, et que, mort en 1733, il avait laissé un testament fort curieux, dans lequel il demandait pardon à ses paroissiens de les avoir, durant toute sa vie, induits en erreur en leur enseignant la religion. Ce testament, qui est intitulé Extraits des sentiments de Jean Meslier adressés à ses paroissiens, a été écrit, de la première ligne jusqu’à la dernière, par Voltaire, — dont le style est, au surplus, facile à reconnaître.

La première édition parut en 1762 ; mais Voltaire eut soin de l’antidater de vingt ans. L’imprimeur inscrivit en tête de l’ouvrage la date de 1742, et les lecteurs s’imaginèrent avoir entre les mains un opuscule mis tout-à--