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— Vous avez fait une si bonne première communion !

Je lui rappelai certains faits de cette époque ; à son tour, il m’en remémora d’autres, insistant sur ce point que ma piété avait été réellement exemplaire.

— Un matin, au château, pendant la retraite, me raconta-t-il, j’entrai dans la chapelle pour prier avant de dire ma messe. L’aurore n’avait pas encore paru. Grande fut ma surprise en apercevant un enfant étendu par terre, sur les marches de l’autel : il avait, la nuit, quitté le dortoir, avait pris le grand crucifix de la chapelle, et là, il avait veillé ; il tenait encore entre ses bras l’image du Sauveur sur la croix, il l’embrassait et l’inondait de ses larmes. Ce spectacle me toucha profondément ; je racontai à tous nos Pères cette édifiante aventure… Cet enfant, c’était vous ; cette veillée si ardemment pieuse avait eu lieu quelques jours avant votre première communion.

Je remerciai le Père Samuel d’avoir ravivé mes souvenirs. En effet, j’en ai gardé la mémoire, ma première communion édifia tout le monde. Je fus même, pour une démarche auprès d’un des évêques venus à Mongré à