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À cette époque, les républicains venaient d’arriver définitivement au pouvoir. Grévy avait été élu président au commencement de l’année. Le garde des sceaux, qui avait ordonné les poursuites, était Le Royer, aujourd’hui président du Sénat ; ce n’était donc pas par devoir envers la religion, qui ne l’intéressait guère, que le ministre de la justice me déférait à la Cour d’assises.

Le but était celui-ci :

À ce même moment, le gouvernement avait besoin d’obtenir une condamnation contre Paul de Cassagnac, qui, en tête de la presse conservatrice, se distinguait par son ardeur à attaquer la République. Le député journaliste devait comparaître, lui aussi, devant le même jury, pendant la même session, quelques jours après moi. Le garde des sceaux croyait donc faire acte d’habileté en assignant un brochurier jusqu’alors obscur, et cela à la suite de la dénonciation publique du directeur du Pays. J’étais sacrifié. Une fois une forte condamnation prononcée contre moi, le représentant du garde des sceaux aurait dit aux jurés : « Vous avez frappé un violent de notre parti ; vous ne pouvez moins faire maintenant que de frapper à son tour un conservateur dont