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lorsqu’il y a dix jours il m’a lui-même envoyé cette lettre d’insultes.

Force fut à mes amis de se retirer bredouille.

Ce duel manqué me causa un vif dépit.

Par contre, un procès qui m’était intenté par le parquet à propos de ma brochure, allait me combler de joie.

Mis en demeure de poursuivre ce pamphlet de libre-penseur épileptique, le garde des sceaux n’avait pu se soustraire à son devoir.

Je comparus, le 29 mai, devant la Cour d’assises de la Seine. J’avais pour défenseur un jeune avocat de beaucoup de talent, Me  Albert Faivre, secrétaire de Floquet.

Néanmoins, je présentai moi-même un plaidoyer. J’eus l’aplomb de déclarer aux jurés, que j’attaquais, non pas Dieu et la religion, mais le culte et ses ministres. Le sens de toutes choses a été tellement défiguré, en notre siècle de mensonges, qu’il y a des gens qui admettent des subtilités de cette espèce. Le jury parisien avala cette couleuvre.

Au surplus, mon avocat, se bornant à traiter la question de droit, eut un argument qui produisit impression. Il insista sur ce fait, que la brochure se composait exclusivement d’articles déjà publiés dans mes divers jour-