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Pendant quelque temps, je ne pus écrire. Enfin, je guéris, et il ne me reste aujourd’hui qu’une double cicatrice en souvenir de cette aventure.

Je me trompe. À la suite de cette affaire j’ai gardé l’amitié d’un homme de cœur, l’un des témoins d’Horace Martin, M. Mercier, qui bien que ne partageant pas alors mes opinions, mais faisant la part de ma folie, me prit en affection, me gourmanda souvent à propos de mes excès et ne désespéra jamais de me voir revenir au bien.

En 1873, je croisai de nouveau l’épée, mais cette fois avec un républicain, Édouard Chevret. Juste retour des choses d’ici-bas, ce partisan de mes idées m’avait jeté la même injure que celle dont la Jeune République avait gratifié l’abbé Magnan. Sur le terrain, j’administrai une large estafilade au pauvre Chevret, artiste peintre, plus habile à manier le pinceau que l’arme blanche.

En 1874, troisième duel. Mon adversaire était un jeune chroniqueur marseillais, Émile Rastignac ; il avait, parmi ses témoins, Léopold Peyron, qui est aujourd’hui secrétaire-rédacteur au Sénat. On se battit à Monaco, au pistolet. Nous échangeâmes à deux reprises