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C’était du plus haut comique ; seulement, on riait jaune.

Quel parti prendre ?

Ceux que tenait l’envie de se battre n’avaient plus qu’à aller faire lecoup de feu dans les rues, derrière les deux ou trois barricades qui se trouvaient en ville.

On s’arrêta à cette résolution, et, pendant la journée entière, la Préfecture, au lieu d’être une citadelle, fut un hôpital dans lequel on apportait les blessés des deux partis.

De la colline de la Garde et du fort Saint-Nicolas, les obus pleuvaient. Au haut du belvédère de l’horloge préfectorale, mon camarade Élie Devèze et le citoyen Pancin eurent la constance de tenir, jusqu’à quatre heures de l’après-midi, un drapeau blanc pour demander la cessation du bombardement. La pluie d’obus ne finit qu’au coucher du soleil.

Dans la journée, après avoir déjeûné à midi à la maison, je me rendis un moment à la Préfecture, où l’on entrait à ses risques et périls ; car on franchissait la place sous une grêle de balles, tombant des maisons voisines occupées par la troupe.

Les partisans de la Commune n’étaient plus nombreux. Quelques anciens civiques gar-