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À la Préfecture, on trouvait ce tour-là charmant. On travaillait à la confection de la liste officielle, et, pensait-on, on prendrait ainsi les conservateurs à l’improviste. Tous les secrétaires et sous-secrétaires de Gent se frottaient les mains.

Du reste, le haut personnel administratif de la maison avait de quoi s’amuser, les sollicitations pleuvaient ; c’était une avalanche de dépêches d’un tas de frères et amis suppliant Gent de les mettre sur la liste de la Préfecture.

Steenackers, entre autres, Steenackers que personne ne connaissait dans le Midi, écrivait, le 31 janvier, à notre incomparable préfet : « Vous savez ce que je vaux ; si vous avez besoin d’un nom sur votre liste, prenez le mien ». (Textuel.) On ne le prit pas, et ce pauvre Steenackers ne fut, au surplus, élu nulle part.

Enfin, quand la Préfecture se crut sûre d’enlever le vote, elle afficha le décret de convocation des électeurs. Voici la date exacte de cet affichage : le 3 février, dans la nuit. Les Marseillais apprirent donc, le 4 au matin, qu’ils étaient appelés à voter le 8. Le citoyen Alphonse Gent existe encore, il est aujourd’hui sénateur, je le mets au défi de me dé-