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Tout fier de ma trouvaille, j’apportai, à la tribune du club, la copie de l’arrêt du Tribunal Révolutionnaire, et je la communiquai à l’assistance. Ensuite, je lus divers extraits d’un mandement que l’évêque de Marseille avait adressé, au commencement de 1870, à ses diocésains, et dans lequel il leur recommandait de s’écarter des adversaires de la religion.

— Citoyens, que pensez-vous de cela ? demandai-je en manière de conclusion. Est-ce que l’évêque Place ne vous paraît pas mille fois plus contre-révolutionnaire que le chanoine Gail ?

— Oui ! oui ! répondit la foule.

— Eh bien, le chanoine Gail a subi la peine de son crime, et l’évêque Place vit encore !

— Fusillons-le ! fusillons-le !

— C’est précisément ce que j’allais avoir l’honneur de vous proposer.

On vota donc, à mains levées, que l’évêque de Marseille serait exécuté à bref délai.

C’est ainsi qu’on surexcitait les mauvaises passions de la multitude. Exalté moi-même au plus haut degré, je ne comprenais pas le mal que je faisais.