Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et l’état-major ! c’était l’état-major qu’il fallait voir ! J’en faisais partie, cela va sans dire. Le préfet nous avait donné un local, sur la Cannebière même, au centre de la ville. Nous avions tapissé le balcon de tant d’écussons et de drapeaux que le jour ne pénétrait plus par les fenêtres ; à deux heures de l’après-midi, on était obligé d’allumer le gaz.

Lorsque Garibaldi, venant de Caprera, débarqua à Marseille, la Jeune Légion Urbaine, depuis le port de la Joliette jusqu’à l’hôtel de la Préfecture, lui servit d’escorte d’honneur.

L’enthousiasme des marseillais pour le général italien touchait au délire. Les bonnes femmes du marché voulaient toutes lui sauter au cou. Nous ne savions comment nous y prendre pour les empêcher de se faire écraser par sa voiture.

Je me souviens d’une de ces bonnes commères, qui avait réussi à rompre nos rangs et qui tendait vers Garibaldi un bébé, en criant :

Batiza lou ! batiza lou !

Garibaldi demanda ce que voulait cette femme.

— Elle veut que vous baptisiez son enfant, lui répondit-on.