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ces têtes, et ces flots animés emporteront dans le tourbillon de leur puissance irrésistible tout ce qui voudrait faire obstacle à leur impétueux passage !…

Devant cette force inconnue qui s’ignore elle-même. Salomon a pâli. Il jette un regard effaré sur le brillant mais faible cortège des prêtres et des courtisans qui l’entourent… Son trône va-t-il être submergé et broyé par les flots de cet océan humain ?… Non ! Hiram vient d’étendre le bras : tout s’arrête !… À un signe, cette armée innombrable se disperse ; elle se retire frémissante, mais obéissant à l’intelligence qui la domine et qui la dompte.

— Eh quoi ! se dit Salomon, un seul signe de cette main fait naître ou disperse des armées ?…

Puis, comparant cette force occulte, cette puissance formidable à la sienne, le grand roi, qui croyait avoir reçu de son Dieu le savoir et la sagesse, comprit que ces dons étaient peu de chose auprès de ce qu’il venait de découvrir ; et alors, en son âme, il reconnut l’existence d’un pouvoir supérieur au sien, pouvoir auquel l’avenir, dont il avait la prescience, réservait peut-être une souveraineté plus grande que la sienne et plus universelle…

Salomon était obligé de reconnaître une force nouvelle, à côté de laquelle jusqu’à ce moment il était passé sans même la soupçonner.

Cette puissance, c’était le Peuple !

Quant au chef mystérieux qui commandait à ces légions d’hommes, son génie qui soumettait les éléments et domptait la nature devait soulever contre lui la haine des envieux, des lâches et des traîtres ; il devait succomber et il succomba sous les coups des trois mauvais Compagnons, qui personnifiaient l’ignorance, l’hypocrisie et l’ambition.

Voilà, mon Frère, comment la tradition orientale,