Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Son génie audacieux le plaçait au-dessus des autres hommes ; son esprit échappait à l’humanité, et chacun s’inclinait devant la volonté et la mystérieuse influence de celui qu’on nommait : le Maître.

La bonté et la tristesse étaient peintes sur son visage assombri, et son large front, — écoutez bien, mon Frère, — reflétait à la fois l’Esprit de Lumière et le Génie des Ténèbres.

Grand architecte et grand statuaire, Hiram n’avait jamais connu d’autre maître que la solitude, d’autres modèles que ceux que le désert lui avait fournis parmi les débris inconnus et les figures colossales et grandioses de dieux et d’animaux symboliques, espèces évanouies, spectres d’un monde ancien et d’une société disparue et morte.

Son pouvoir était grand ; il avait sous ses ordres plus de trois cent mille ouvriers, hommes de tous les pays, parlant toutes les langues, depuis l’idiome sanscrit de l’Himalaya jusqu’au langage guttural des sauvages lybiens.

Sur un ordre d’Hiram, la multitude innombrable des travailleurs s’avançait de tous les points de l’horizon, comme les flots d’une mer pressée, prêts à inonder les vallons et les plaines insuffisants pour la contenir ; ou bien encore, présentant à perte de vue l’aspect d’une mosaïque de têtes humaines, elle s’échelonnait en amphithéâtre jusqu’au sommet de l’horizon, aussi nombreuse que les étoiles du ciel ou que les grains de sable du désert.

Un jour, une grande reine, Balkis, reine de Saba, vint rendre visite au plus grand roi de la terre.

Salomon, pour lui donner une idée de sa puissance, veut lui faire admirer les travaux du superbe édifice élevé par lui à Jéhovah. La reine émerveillée demande à voir l’architecte de génie qui a conçu et dirigé l’édi-