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homme marié, voyez combien sa situation devient tout à coup embarrassée.

Durant son long passage au grade d’Apprenti, c’est-à-dire pendant huit mois ou un an, des fois même pendant deux ans, cet homme, avec la plus entière bonne foi, a juré à sa femme, pour calmer ses justes susceptibilités, que les soirées qu’il va passer au local maçonnique sont absolument anodines, qu’on y fait des conférences, qu’on y cause politique, mais que jamais, au grand jamais, il n’y a rencontré aucune dame, les femmes n’étant pas admises dans la Maçonnerie.

Bien plus, quelquefois la Loge a organisé un banquet avec participation des Profanes, ce que, dans l’argot de la secte, on appelle une « Fête d’Adoption » ou une « Tenue Blanche » ; chaque Frère y a conduit sa femme ou ses amis ; notre homme a fait comme les autres, il a mené sa femme à la fête. Elle a constaté qu’il n’y avait d’insignes maçonniques portés que par des hommes ; par conséquent, elle a acquis la conviction que, s’il existe des Frères Maçons, il n’existe point en revanche des Sœurs Maçonnes. À ces banquets, à ces fêtes, on s’est tenu dans les limites d’une stricte décence ; Madame en a emporté une opinion favorable à la Maçonnerie, du moins au point de vue des mœurs.

Et voilà que, brusquement, cet homme marié apprend qu’il a mal interprété ce qui lui a été dit, qu’il n’a pas compris ce qu’il a vu, que les Fêtes d’Adoption sont une chose, et qu’il existe aussi des Loges d’Adoption, mais qui sont tout autre chose.

Comprenez-vous son embarras, s’il est incapable de transiger avec le devoir conjugal ?

Il ne communiquera pas à sa femme, ce soir-là, en rentrant, la révélation inattendue qui lui a été faite. Peut-être, après tout, n’y a-t-il aucun mal dans l’exis-